De l’entreprise digitale à l’Intelligence Artificielle
L’ entreprise digitale en questions ?
L’entreprise digitale c’est d’abord plus de 43 millions de pages traitant du sujet sur google France pour moins de 600 affichages par mois en moyenne dans les SERP[1]. Autrement dit, on trouve sur le sujet bien plus de publications que de lecteurs. Nous avons pourtant parié que le sujet valait la peine d’en proposer une de plus. Il se trouve que la transformation numérique est le premier pas vers l’organisation du futur dans laquelle l’intelligence artificielle tiendra un rôle majeur, d’où le titre ! Dans ces quelques lignes nous tenterons de vous éclairer et de dé diaboliser autant que de démystifier la technologie pour que les perspectives de « business » pour votre entreprise deviennent des évidences et nourrissent davantage vos ambitions que vos craintes. Pour cela, nous passerons par des questions essentielles qui relevaient il y a quelques années de la philosophie, de la théologie mais qui se posent aujourd’hui dans le domaine du management.
L’entreprise digitale, c’est quoi ?
Si l’on devait isoler les caractéristiques qui déterminent « l’entreprise digitale », nous citerions l’usage du cloud, un système d’information cohérent et unifié (toutes les données sont compatibles et échangeables par les différents services) et pour les sociétés les plus commerciales, une pratique optimisée des actions de marketing. En somme, des relations externes/internes améliorées avec un moindre effort en ressources humaines. Dans les faits, la pression sociétale et économique a eu raison de quasiment toutes les résistances au changement, et les corps de métiers ont tous recours à des outils digitaux, pour communiquer, prospecter, prendre des rendez-vous, gérer l’activité. La question se posent donc davantage sur le degré d’avancement de la digitalisation que sur la mise en route de la fameuse « transformation ».
Entreprise, digitalisation, intelligence ?

Commençons par suivre une démarche maïeutique. Dans cette époque intellectuellement troublée où les mots fleurissent en devançant le sens qui parfois leur fait défaut, la remise à plat des concepts élémentaires est vraiment éclairante pour trier le bon grain de l’ivraie. A tout seigneur tout honneur, la première question que nous vous poserions en face à face concernerait la nature de l’entreprise, qu’est-ce qu’une entreprise ? « les entreprises sont des organisations, des groupes humains structurés et finalisés »[2]. Cette « définition » empruntée à l’économiste Elie Cohen a le mérite de rappeler que les entreprises ne sont pas seulement des sociétés, entités juridiques. La digitalisation et son aboutissement ultime qui à ce jour est l’Intelligence Artificielle s’inscrivent au cœur du génome de l’entrepreneuriat. Nous vous proposons une infographie qui récapitule les piliers de l’IA appliquée à l’entreprise et des exemples de concrétisation dans les services marketing, finances, etc. Poursuivant la démarche maïeutique, nous vous interrogerions pour tracer les contours du digital et de l’intelligence.
L’adjectif digital en français signifie « qui se rapporte aux doigts », mais le sens du mot digital que l’on emploie partout dans l’informatique, la communication et le marketing trouve son origine dans… le mot anglais digit, qui signifie « chiffre ». Du chiffre à l’algorithme, il n’y a que quelques pas. Un algorithme est une suite d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème ou d’obtenir un résultat. Le mot nous vient du nom du mathématicien astronome Ouzbek, Abu Djafar Muhammad ibn Musa, dit al-Kharezmi, ou al-Kwharizmi (783-850). Certes, cette information n’est guère opérationnelle pour l’entrepreneur que vous êtes, mais elle vous permettra de briller dans un dîner, ce qui peut parfois être un levier de croissance insoupçonnée. Elle ne vous rendra pas plus intelligent, ou alors artificiellement, quoi que, si nous savions ce qu’est l’intelligence, nous nous sentirions sans doute moins bêtes. Puisque nous évoquions le sujet, le Larousse définit l’intelligence comme « l’ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle ». L’origine est latine, issue du verbe intelligere, dont la plus simple traduction serait : connaître. Pardonnez l’enchaînement, si logique qu’il semble syllogique, si la digitalisation de l’information est une prémisse majeure de la survie des entreprises, si les échanges et l’organisation appellent le stockage de données et de l’algorithmie pour les traiter et si la connaissance est tout ou partie de l’intelligence, alors sans l’intelligence « augmentée », ne serait-ce qu’artificiellement, l’entreprise n’existe plus.

L’intelligence, la technologie et Dieu.
Les maux sont dans les mots ! Superstitions ou croyances structurantes, à l’instar des divinités la technologie et l’IA passionnent ou effraient au-delà de la raison. Vous allez voir que le divin s’invite dans l’étymologie du quotidien et que nous ne sommes pas dans un délire mystique. Commençons par une définition encyclopédique : « L’intelligence représente la fonction par laquelle l’homme a essayé de se définir dans l’échelle des êtres, c’est-à-dire de se situer par rapport à son inférieur, l’animal, et par rapport à son supérieur, la divinité.[3] » L’intelligence artificielle consiste à mettre en œuvre un certain nombre de concepts et de techniques visant à permettre aux machines d’imiter une forme d’intelligence réelle. Cela en fait littéralement une technologie, à savoir, un « ensemble cohérent de savoirs et de pratiques dans un certain domaine technique, fondé sur des principes scientifiques[4] ». Certes, la démonstration serait déjà bluffante si nous nous arrêtions là, mais que nenni. Le mot computer qui désigne nos ordinateurs en anglais se traduisait initialement par le mot calculateur. Ce terme ne donnant pas satisfaction il fut demandé à un universitaire de proposer des traductions moins littérales. C’est ainsi qu’ordinateur a été proposé dans les années 50 à IBM France par le professeur de la Sorbonne Jacques Perret. En s’appuyant sur la définition du dictionnaire Littré, celui-ci avait rappelé que le grand ordinateur désignait « […] Dieu qui met de l’ordre dans le monde. […] ». C’est ce que l’on appelle de la clairvoyance ! De l’intelligence ?
Entreprise digitale, Intelligence artificielle et ontologie [5] !

Bien qu’elle soit dans sa prime jeunesse, l’intelligence artificielle permet d’ores et déjà aux entreprises qui l’ont intégrée de cultiver une relation privilégiée avec chaque client. Les chatbots sont utilisés pour commander ou apporter une aide aux clients et le Machine Learning vient humaniser les réponses. Des moteurs de recommandation en temps réel traitent des données pour faire des propositions opportunes aux clients à partir des données de navigation et des diverses interactions avec l’entreprise.
Les gains de temps et de productivité sont tels que, selon Accenture, d’ici 2035, l’IA pourrait contribuer à augmenter la productivité mondiale de 38 % [6]. Les questions légitimes et ontologiques de la place de l’humain et de l’éthique se posent pour faire un choix de civilisation. Nous ne pouvons pas garantir un futur « non Orwell(ien) », juste l’espérer et œuvrer dans le « bon » sens. Aux entrepreneurs de s’approprier l’IA au lieu de la subir. Aussi incertain que soit le futur nous sommes convaincus que l’Intelligence Artificielle sera un magnifique serviteur et sans doute un bien mauvais maître ! [7]
Si vous voulez en savoir davantage sur l’IA et votre secteur d’activités et connaître la position de votre entreprise face à ces technologies disruptive, vous pouvez utilisez gratuitement notre outil de diagnostic.
C’est quoi le » Deep Learning « ?
Nous ne pouvions pas achever ces quelques lignes sans évoquer le concept star de l’apprentissage machine et pilier des IA : le deep learning. L’apprentissage profond [une des technologies du « Machine Learning »] est un développement à l’extrême de l’association entre des formes, des objets, etc. et des fonctions mathématiques imbriquées. Depuis que la communauté de l’Intelligence artificielle l’a adopté (2013), il permet des progrès extrêmement rapides dans les domaines de l’analyse du signal sonore ou visuel, de la reconnaissance faciale, de la reconnaissance vocale, de la vision par ordinateur, du traitement automatisé du langage. Les réseaux de neurones d’apprentissage profond sont suffisamment performants aujourd’hui pour qu’on les utilise à l’envers en passant de « reconnaitre » à « générer », les algorithmes entrent dans la créativité que l’on croyait un monopole de notre espèce. Étonnant ce que l’on peut faire à partir d’une droite qui coupe des nuages de points ! Il aura fallu sophistiquer habilement le mode de corrélation, mais l’idée initiale est là, qui deviendra réseau neuronal qui devient apprentissage profond. ■
Le DL par « son inventeur »
Pour en savoir plus, voici l’extrait d’une interview de Yann LeCun, le chercheur « star » du domaine, publiée dans le Monde en 2015, article de Morgane Tual. » Comment reconnaître une image de chat ? Avant, il fallait le faire à la main, expliquer à l’outil comment transformer une image afin de la classifier. Avec le deep Learning, la machine apprend à le faire elle-même. Et elle le fait beaucoup mieux que les ingénieurs, c’est presque humiliant ! Les points saillants sont les yeux et les oreilles. Comment reconnaître une oreille de chat ? L’angle est à peu près de 45°. Pour reconnaître la présence d’une ligne, la première couche de neurones va comparer la différence des pixels au-dessus et en dessous : cela donnera une caractéristique de niveau 1. La deuxième couche va travailler sur ces caractéristiques et les combiner entre elles.

[1] l’acronyme de « search engine result page » ou page de résultats des moteurs de recherche.
[2] Par Elie Cohen https://www.universalis.fr/encyclopedie/entreprise-vue-d-ensemble/
[3] https://www.universalis.fr/encyclopedie/intelligence/
[4] https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/technologie/
[5] L’ontologie dans son sens le plus général s’interroge sur la signification du mot « être ».
[6] Source : étude Accenture 2016 https://www.accenture.com/fr-fr/company-news-release-artificial-intelligence-2035
[7] Dans la Préface de La Dame aux Camélias (1848), Alexandre Dumas fils écrit: « N’estime l’argent ni plus ni moins qu’il ne vaut : c’est un bon serviteur et un mauvais maître ».